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Email Interview with Daniel Denis, january 2014.
By Renato Moraes & Michael Bohn. Thanx to Pierre Tassone for assistance.
English version.

Daniel DenisQ: Daniel, en 2014 Univers Zéro atteint 40 années d'existence. Pourriez-vous nous rappeler quelle fut l'idée musicale originelle du groupe, ce qu'il en est aujourd'hui at comment vous en voyez le futur?

DD: La naissance d’UZ s’est manifestée après la dissolution du groupe Arkham. Claude Deron qui en faisait partie et moi-même avons décidé de continuer quelque chose ensemble. Nous avons cherché des musiciens et sommes tombés sur Trigaux et Segers. Le groupe s’est d’abord appelé Necronomicon et s’est transformé dès 1974 en Univers Zero. La musique était aux balbutiements de ce que nous allions proposer plus tard. C’était une mixture de jazz/ free électrique et de rock aux accents zeuhl mais rien d’extraordinaire.
 Plusieurs paramètres ont aidé le groupe a trouver son propre son et ses propres structures musicales par l’apport d’instruments typés comme le violon/hautbois/ basson et harmonium. Nous voulions nous démarquer de ce qu’il se faisait en musique à l’époque. Nos influences, en ce qui me concerne, portaient un intérêt grandissant aussi bien pour la musique médiévale et contemporaine que pour les musiques des pays de l’Est sans toutefois renier mes attirances pour le rock que j’ai toujours gardées. Je pense qu’UZ a toujours bien pu gérer ces diverses influences pour arriver à un résultat fort homogène qui est devenu notre identité. Le groupe a énormément évolué avec le temps suite à un travail ardu et une volonté de toujours vouloir avancer. Le passage de plusieurs musiciens à diverses périodes dans le groupe a contribué également à cette évolution me donnant de nouvelles idées à chaque fois.
 C’est le cas aujourd’hui avec Antoine et Nicolas, deux musiciens extraordinaires qui donnent une nouvelle propulsion à la musique d’UZ.
 Le futur à vrai dire, je n’en sais trop rien. Je remarque que nous vivons dans une société où de telles musiques comme celle d’UZ ont de plus en plus de mal à trouver leur place.  C’est excessivement difficile  

Q: Univers Zéro est un groupe en rotation constante. À la fin de 2012, vous remodelez la totalité du groupe. Pourquoi?

DD: Comme je l’ai déjà dit auparavant. Le groupe précédent était arrivé à saturation. Les musiciens étaient devenus indisponibles et nous ne répétions plus beaucoup pour changer le programme des concerts et travailler de nouveaux morceaux. Ce fût pour moi une décision radicale, mais je me devais de casser le groupe pour aller de l’avant sinon j’arrêtais tout.

Q: La nouvelle formation est la plus électrique depuis le temps de Heatwave, non? C'est pratiquement la première fois que le groupe est sans violon et qu'il perd le son du basson / hautbois qui était un élément caractéristique du son d'Univers Zéro. Comment percevez-vous le nouveau groupe avec tous ces jeunes gars par rapport aux formations précédentes? Et qu'en est-il de la musique?

DD: Je pense que l’identité d’un groupe ne se résout pas uniquement dans le son mais plutôt dans l’esprit de la musique. UZ a connu diverses formations avec des instruments et des sons divers et ça restait toujours UZ. Rien de pire pour un groupe de se satisfaire dans les mêmes plans, les mêmes sons et structures déjà utilisés depuis des années, Ça empêche d’évoluer. Sur « Rhythmix » et « Implosion » et un peu « Clivages », j’ai utilisé des samplings. C’était une autre manière d’enrichir d’autres espaces sonores pour donner d’autres dimensions à la musique d’UZ.

Q: Le nouveau CD, Phosphorescent Dreams va bientôt sortir. Qu'en attendez-vous? Que pouvez-vous nous en dire?

DD: Je pense vraiment que ce CD est encore un pas en avant par rapport aux CD précédents.
Quelques-uns des morceaux qui y figurent ont été composés pour des courts-métrages expérimentaux des années 20 et 30 que la Cinetica Nacionale de Mexico nous avait commandés. Nous les avons joués live sur les films là-bas en avril 2013.
« Phosphorescent Dreams » comporte des morceaux aux structures assez diverses et donne une connotation assez sereine dans l’ensemble du CD sans jamais vraiment éclater. Les morceaux de Kurt se mélangent parfaitement à mes compositions et donnent un très bon équilibre à l’ensemble du CD.
L’apport de la guitare de Nicolas est extraordinaire et donne au disque une énergie plus « rock ». C’est ce que je cherchais depuis longtemps.
Nous avons passé beaucoup de temps à le préparer.

Q: Univers Zéro a inclus pendant quelque temps du traitement d'image, a joué de la musique sur des films muets au Mexique et ce beaucoup avec Art Zoyd. Quelle est l'importance du diaporama / film pour l'exécution sur scène?

DD: Nous avons eu cette commande l’année passée. C’était la première fois que nous travaillions sur des films muets. Il est certain que ce circuit nous intéresse très fort et la possibilité pour nous de travailler sur un long-métrage n’est pas exclue.
Les concerts deviennent rares et il ne faut pas négliger d’autres formes de conception pour le live.

Q: Quel type de musique avez-vous écouté en 2012-2013? Écoutez-vous de la musique classique contemporaine, qui semble être une part importante du style Univers Zéro? Quels sont les compositeurs que vous aimez, si vous en écoutez?

DD: J’écoute très peu de musique depuis longtemps. Peut-être je devrais me replonger quelques fois dans ce que j’ai écouté depuis des dizaines d’années.
Ça paraît bizarre mais ce que j’écoute est principalement du rock des années 60 comme Hendrix (dont je ne me lasserai jamais), Kinks, Small Faces, Who, les premiers Pink Floyd , Beatles et beaucoup d’autres.
Ça provient d’une autre époque mais cette musique éclatait dans tous les sens. Lorsque j’entends par hasard le rock actuel, je suis souvent pétrifié par le manque d’imagination.

Q: Bien qu'Univers Zéro change continuellement, il y a un style très caractéristique dans vos compositions et même les nouveaux compositeurs comme Kurt Budé suivent dans leurs propres compositions le feeling / style d'Univers Zéro. Comment concevez-vous l'évolution par rapport à l'empreinte de la tradition?

DD: Comme je l’ai dit plus haut, Kurt est très investi dans UZ depuis le début de la reformation et surtout dans la composition. C’est toujours intéressant pour l’évolution d’un groupe à ce qu’il y ait d’autres compositeurs qui apportent leur feeling. Le spectre de la musique d’UZ est très large et permet ce genre d’expérience. Kurt apporte son vocabulaire musical tout en prenant garde à ce que ses compositions rentrent dans l’esprit du groupe. Il n’est pas impossible qu’Antoine et Nicolas le fassent dans l’avenir

Q: Est-ce que votre façon de jouer de la batterie a changé au fil des ans, est-ce que votre son de batterie a changé? Quels batteurs sont vos héros?

DD: Tout en haut il y a Tony Williams. C’est le top des tops. On retrouve tout chez lui. l’énergie, l’inventivité, la musicalité, la maîtrise de l’instrument bref vraiment tout. Mitch Mitchell est aussi pour moi le premier batteur qui m’a réellement flashé de par son jeu hyper fusionné avec la musique d’Hendrix. Lorsque j’ai entendu « Hey Joe » la première fois, je me demandais d’où ce batteur pouvait bien provenir..
 J’aime beaucoup aussi Michael Giles sur les deux premiers disques de King Crimson. Aussi John French (Magic Band) et Jack Dejohnette (avec Miles Davis). Charles Hayward est aussi un musicien fort intéressant et que j’apprécie.
 Pour ma part, c’est paradoxal mais lorsque je compose des morceaux pour le groupe, j’ai toujours beaucoup de mal à trouver les parties batterie. Je ne pars que très rarement de l’instrument pour composer. Je peux dire que la musique d’UZ n’est pas à proprement parler une musique typée pour la batterie. Ça m’occasionne quand même un peu de frustration mais il est clair qu’au sein d’UZ, il faut plutôt penser percussion d’orchestre. Je n’avais pas ces soucis lorsque j’ai fait partie de Present.

Q: Votre fils est aussi batteur et il participe au nouveau CD en tant qu'invité comme il le fit sur Clivages. Écouter et travailler avec votre fils au sein d'Univers Zéro, c'est comment?

DD: J’avais invité Nicolas une première fois sur « Clivages » mais la partie batterie était très basic voir frustrante pour lui, c’était une première expérience.
Ici je lui ai proposé de jouer sur un morceau beaucoup plus intéressant pour la batterie. Je lui ai montré une ligne de conduite sur laquelle il pouvait travailler et le résultat est vraiment super.

Q: Le style de vos bassistes a beaucoup varié au cours de l'histoire d'Univers Zéro. Guy Segers, Thierry Zaboitzeff et Christian Genet avaient un son très ferme, Éric Platain verse plus dans le jazz-funk tandis que Dimitri Evers a un style moderne subtil. Cherchiez-vous un son spécifique pour chaque époque / album ou les laissiez-vous faire leur apport personnel au groupe ?

DD: Tous les bassistes qui ont participé au groupe ont eu leur manière d’adapter leur jeu à la musique, même si les parties basse sont et ont toujours été très écrites. Il n’y a pas réellement de bassiste type pour jouer dans UZ il faut juste qu’ils aient compris que leur instrument est mis au service de la musique et non l’inverse.

Q: Comment composez-vous? Dans le passé, au cours de concerts, Univers Zéro avait l'habitude d'improviser sur certains thèmes, qui par la suite furent enregistrés et devinrent des compositions complètes, comme le début de La Faulx ou certains morceaux enregistrés par Present. Univers Zéro utilise-t-il l'improvisation pour développer des idées ou est-ce que tout est écrit au préalable? Comment concevez-vous ou pratiquez-vous de nos jours l'improvisation en concert ?

DD: Ce n’est arrivé que quelques fois. L’intro de La Faulx provient de parties que nous trouvions sur scène et que nous structurions au fur et à mesure. Il est aussi arrivé que nous partions de rien et que par magie l’impro se construisait spontanément d’une manière incroyable (Central Belgium in the dark). Mis-à-part ces quelques exemples la musique d’UZ part toujours d’éléments précis et écrits. Depuis maintenant de nombreuses années et comme beaucoup de musiciens, j’utilise l’ordi. Grace aux logiciels de sons, les morceaux que je travaille avec l’ordi donnent déjà une idée du résultat final, c’est très efficace.

Q: Univers Zéro ne tourne pas beaucoup; le marché des concerts n'est-il pas bon ou y a-t-il d'autres raisons? Quel est le calendrier d'Univers Zéro pour 2014? Quelle est la meilleure façon d'engager UZ pour des concerts?

DD:Il y a effectivement un réel problème qui existe depuis le début. Le manque de management a toujours été pour UZ une grosse lacune. Si nous n’avons jamais fait énormément de concerts c’est que nous n’avons jamais été entourés par quelqu’un de compétent. Nous en sommes toujours réduits à faire le travail nous-mêmes et c’est excessivement difficile, ce n’est pas notre métier. D’autre part nous ne pouvons demander des cachets trop bas pour nous déplacer, nous l’avons fait il y a très longtemps et ça ne nous apportait rien. C’est primordial pour UZ de faire des concerts dans les meilleures conditions possibles.

Q: Et le futur?

DD: Comme je l’ai dit plus haut, je n’en sais trop rien. Les concerts sont si difficiles à trouver. Il y a bien l’idée de créer de la musique sur un film muet long-métrage comme Art Zoyd l’a fait précédemment mais sans commande extérieure d’organisateur, il est difficile d’entamer le moindre travail.





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